Description de l'évènement
Mardi 22 novembre 2022 à 19h
Si le vent tombe
Nora Martirosyan (En présence de la réalisatrice)
Arménie/France/Belgique, 2020, 1h40 (num.)
Avec : Grégoire Colin, Hayk Bakhryan, Arman Navasardyan…
Un expert en aéronautique, Alain Delage, est envoyé au Haut-Karabakh pour mener un audit préalable à l’ouverture de l’aéroport de Stepanakert, la capitale. Des employés nettoient le hall, mais il n’y a qu’eux…
Cet aéroport est la métaphore de l’espoir d’une population de voir naître son pays, d’avoir l’autonomie et la reconnaissance internationale, de pouvoir exister sur une carte. Mais, le Haut-Karabakh est une enclave dans une zone de conflit latent. L’aéroport est à quelques encablures seulement de la ligne de cessez-le-feu. Cette ligne invisible, mais qui enferme une population dans un pays rêvé, mais pas encore réalisé. Lors de son séjour, l’expert rencontre des personnages qui incarnent l’hospitalité du pays, comme si tout leur espoir repose sur cet expert. Le chauffeur de taxi qui lui sert de guide, le garçon qui traverse la piste de l’aéroport pour vendre de l’eau de source aux habitants de la ville… Autant de rencontres, autant de manifestations de cet espoir de pouvoir avoir une vie normale dans un pays normal.
Pour la réalisatrice, « le moyen d’accéder à la réalité du pays, c’était d’en passer par le cinéma de fiction ». Ainsi, le film nous plonge dans l’aspect humain d’une population en attente de la paix. Le conflit est fantomatique, mais toujours présent. Il est invisible, jusqu’à ce qu’on se rapproche trop près…
L’espoir que véhicule le film s’est malheureusement envolé avec la guerre ouverte qui a éclaté, quelques mois seulement après la fin du tournage.
Kees Bakker
Questions de frontières ; Les regards de Nora Martirosyan et Pierre-Yves Vandeweerd
L’Institut Jean Vigo accueille deux cinéastes déjà venus dans notre salle pour montrer des œuvres précédentes.
Martirosyan, arménienne d’origine, montpelliéraine d’adoption, plasticienne de formation, a montré chez nous deux de ses courts métrages : Courant d’air et 1937, tous deux ancrés dans son histoire familiale et l’histoire de l’Arménie. Ces films montraient une signature particulière, entre documentaire et cinéma expérimental. Elle revient vers nous avec son premier long métrage de fiction Si le vent tombe.
Pierre-Yves Vandeweerd, belge d’origine, lozérien d’adoption, anthropologue de formation, est un habitué de l’Institut Jean Vigo. Son œuvre se caractérise par une approche cinématographique à part entière : il tourne en pellicule, enregistre le son à part des images, pour créer une poétique singulière et reconnaissable. Son précédent film, Les éternels était déjà tourné en Haut-Karabakh, où il retourne pour Inner Lines. Cette province arménienne, rattachée à l’Azerbaïdjan en 1920, avait revendiqué son indépendance au moment de la chute de l’Union soviétique, en 1991. Au terme d’une guerre de trois ans avec l’Azerbaïdjan, un cessez-le-feu avait été signé en 1994. Mais le territoire est resté le théâtre d’un conflit latent, jusqu’à ce qu’une nouvelle guerre, déclenchée en septembre 2020 par l’Azerbaïdjan change la donne. Nous avons voulu croiser leurs regards sur cette zone de conflit – longtemps oubliée – parce qu’aussi bien Martirosyan que Vandeweerd cherchent l’âme humaine dans les traumatismes de guerre et ses frontières infranchissables.
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