En 2006, un groupe de soldats américains chargés de tenir un barrage de sécurité en Irak finit par violer une jeune civile et assassiner sa famille…

Le fil narratif de Redacted ressemble à s’y méprendre à celui d’Outrages, autre film de Brian de Palma mettant en scène des soldats au bord de l’implosion et finissant par commettre l’irréparable, dans le contexte de la guerre du Vietnam. Au retour d’introspection d’Outrages s’oppose toutefois l’urgence de Redacted, sorti en 2006 alors que l’armée américaine s’enlise dans un conflit pourtant officiellement terminé au printemps 2003. Si le film a été conçu comme une sorte de pamphlet, il ne faudrait pas le réduire à un simple brûlot anti-guerre. Brian de Palma a épuré son style, habituellement ostentatoire, au profit de l’imitation d’un matériau visuel préexistant. Dans une structure filmique atypique (un mélange entre documentaire, cinéma-vérité, séquences vidéo diffusées sur des blogs Internet, et caméras de surveillance), le réalisateur ouvre une réflexion sur la circulation des images accessibles en ligne ou transmises par les médias, sur leur rhétorique, brutale et unilatérale, leur charge émotionnelle, leur potentiel narratif et leur régime de vérité.