Description de l'évènement

Jeudi 13 octobre 2022 à 19h

Notre pain quotidien

Unser täglich Brot

Nicolaus Geyrhalter

Autriche, 2005, 1h32, documentaire (num.)

Des corps pendus à la chair ouverte et viciée, la lumière verte sur les tubes et rouages d’une machine qui est bien trop grande pour l’Humain. Le « huitième » passager de Ridley Scott serait prêt à sortir des appareils robotisés qui peuplent le cadre. Omniprésentes, les machines tournent, jettent, attrapent, sélectionnent, ouvrent, découpent, dispersent, projettent.

Tout y est machinalement orchestré pour nous fournir « notre pain quotidien ».

Cette promesse de la sacro-sainte industrie agro-alimentaire de nous nourrir tous et toutes. Un dieu qui n’a pas de cœur ou de tête mais des boulons, des tapis roulants et des scies électriques. Une religion que nous pratiquons toutes et tous sans pour autant la louer. Nous assistons à des ersatz de scènes de la Nativité contemporaines qui nous font regretter l’originale.

Il y a de l’art dans le film de Nikolaus Geyrhalter, de la peinture et du cinéma. La nature morte ou l’un des thèmes classiques de la peinture file tout le long du film. La composition de Notre pain quotidien est à l’image de l’école hollandaise : organique et mécanique. Chaque peinture déploie un thème poussé parfois jusqu’à l’obturation totale du cadre, quoique toujours savamment organisé et réfléchi, porté par une intention symbolique.

Dans ce musée de l’horreur, je ne pensais pas me trouver face à une scène mêlant La mort aux trousses et Les Tournesols de Van Gogh et pourtant… le mariage maudit entre la nature et la mort est ce qui est au centre de cette œuvre.

Lucie Mogarra