Description de l'évènement
Mardi 15 novembre 2022 à 19h
Corniche Kennedy
Dominique Cabrera
France, 2016, 1h34 (num.)
Avec : Lola Créton, Aïssa Maïga, Kamel Kadri…
Il y a les rochers, le ciel, la mer, et eux, les « minots », Mehdi, Marco, Franck, Melissa, Hamza, Mamaa, Julie, qui trouvent leur liberté à raser la mort en plongeant de plus en plus haut.
Dominique Cabrera : «Je marchais sur la corniche, et j’ai vu un petit groupe. Je le photographiais en m’avançant vers les jeunes gens jusqu’à ce que Kamel me dise : «Non, pas de photos.» C’était magique car ce que je filmais, c’était non seulement la situation du début du film, mais les deux personnes qui en sont devenues les héros. Leur poésie était perceptible. Mais il n’était pas sûr qu’elle suffise à faire d’eux des acteurs. Il n’y a pas cette grâce avec tous les comédiens.»
Corniche Kennedy, adapté du roman de Maylis de Kerangal, est un film de territoire, et comment on peut construire, envers et contre tout, son propre lieu, à l’intérieur d’un espace qui appartient à tous. Le film ne quitte jamais le mince ruban que dessine la route du bord de mer. Une lumière dorée enrobe les jeunes gens, les rochers sont un écrin, le ciel et la mer leur domaine. Très vite, dans le groupe, trois personnages prennent le dessus : une fille et deux garçons en trio amoureux – la belle Suzanne, Mehdi et Marco – manière de Jules et Jim à Marseille et en scooter, qu’incarnent les fabuleux acteurs non professionnels Alain Demaria et Kamel Kadri, outre Lola Créton, que l’on n’a jamais vue aussi bien.
Les conflits de classes ne sont pas niés et il est hors de question de les dissoudre dans le sentiment amoureux. Simplement, les corps en maillot de bain les atténuent, et l’adolescence, âge des possibles, est aussi celui où les appartenances peuvent être bousculées. En 2002, Dominique Cabrera avait déjà tourné un film de bande en extérieur : Folle embellie, l’histoire vraie d’un groupe de fous qui s’échappe d’un hôpital psychiatrique pendant l’exode. L’extérieur, la vie qui circule autour des acteurs, sied à son cinéma.
Ouverture du FID 2016. Prix Claude Chabrol. Ephebo d’or et prix d’interprétation pour Lola Créton au festival de Palerme.
Rencontre avec Dominique Cabrera
Dès son premier court-métrage, J’ai droit à la parole, où l’on voit comment les locataires d’une cité de transit en banlieue parisienne s’organisent, Dominique Cabrera a été reconnue pour le regard original qu’elle sait porter sur la vie sociale.
Pour Dominique Cabrera, pas de frontière entre documentaire et fiction. Elle réalise en ce sens son premier long-métrage, Demain et encore demain, journal d’une cinéaste en proie aux doutes et aux angoisses. En 1996, elle dirige Claude Brasseur dans L’ Autre côté de la mer, film autobiographique, sur le déracinement de la communauté des pied-noirs algériens. En 1999, elle tourne Nadia et les hippopotames, présenté au Festival de Cannes dans la section «Un Certain Regard», ce film a pour contexte les grèves de l’hiver 1995 en France.
Après son cinquième long-métrage Folle embellie, elle revient au documentaire, avec Ranger les photos, puis Goat Milk, et Grandir, sélection ACID Cannes 2013. En 2016, Corniche Kennedy, obtient le Prix Claude Chabrol. L’ Ephebo d’or et le prix d’interprétation pour Lola Créton au festival de Palerme.
« Tout mon travail, dans tous mes films de fiction, mais aussi dans les documentaires, c’est d’ouvrir des espaces où quelque chose de la vie peut s’engouffrer » . DC
Sans nul doute, avec Dominique Cabrera, nous parlerons cinéma, d’une certaine idée de cinéma.
Dominique Cabrera est membre du Collectif 50/50.
Elle présentera les films Goat Milk et Grandir le 17 novembre.
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