Zoom sur les réalisatrices indépendantes américaines
Mardi 6 juin et jeudi 8 juin à 19h10, l’Institut Jean Vigo mettra en lumière deux cinéastes indépendantes américaines avec Certaines femmes de Kelly Reichardt d’abord et Winter’s Bone de Debra Granik ensuite.
Certaines femmes
Certain Women
Kelly REICHARDT, USA, 2017, 1h47
Quatre femmes font face aux circonstances et aux challenges de leurs vies respectives dans une petite ville du Montana, chacune s’efforçant à sa façon de s’accomplir. Laura, avocate, reçoit tous les jours la visite de Fuller qui déclare être victime de son employeur. Gina, l’épouse de Ryan, souhaite construire sa maison avec les pierres présentes sur le terrain d’un vieil homme. Jamie, une jeune femme solitaire, travaille dans un ranch. Lors d’un cours du soir, elle tombe sous le charme de Beth, une jeune avocate harassée par les kilomètres qu’elle doit parcourir pour faire classe…
Comment si peu de mots, si peu de péripéties peuvent-ils nous transporter à ce point ? Par la méditation latente, le rythme berceur, la paix ou le chagrin que dégage Certaines femmes. Western moderne, c’est un film actif sur des femmes qui conduisent leur vie et travaillent dur dans un décor de plaine immense drapée de neige, et de montagnes, au loin. Certaines femmes offre l’empathie sans emphase et entraîne en douceur le spectateur dans des contrées reculées du pays de l’Oncle Sam. Un voyage presque hypnotisant, au milieu des champs enneigés.
Winter’s Bone
Debra Granik, USA, 2010, 1h40
Ree Dolly vit dans les monts Ozark du Missouri. À l’âge de 17 ans, elle est responsable de ses jeunes frères et sœurs et de leur mère invalide. Après avoir appris que son père, ancien dealer, avait mis leur maison en caution, Ree se lance à sa recherche et se retrouve forcée de naviguer à travers les réseaux criminels locaux, où elle va endurer une série de rencontres et d’expériences difficiles.
Quand le cinéma américain tourne son regard vers ces pans de l’Union abandonnés par la loi et le progrès, c’est en général pour en faire un vivier de dégénérés. Debra Granik sait que le mal et la violence cohabitent aisément. Le portrait qu’elle dessine de cette communauté d’exclus, blancs, chrétiens (et probablement républicains si jamais ils votent) est richement nuancé. Le décor des Ozarks, terra incognita (ou presque) pour Hollywood, constitue la première originalité de ce thriller. Sous la lumière sans soleil de l’hiver, la jeune réalisatrice chronique le quotidien précaire et violent des hillbillies (les « ploucs »), entre le néoréalisme des frères Dardenne et la brutalité de Boorman dans Délivrance. Peu à peu, le récit initiatique se transformera en conte de fées d’une rare noirceur, à l’atmosphère fantastique.
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