Archives n°108 | Juin 2016 | 5 €
présenté par Pierre BILLARD et François AMY DE LA BRETÈQUE
Si Armand Tallier demeure dans la mémoire des cinéphiles d’aujourd’hui, c’est en tant que fondateur (en 1926) et animateur du Studio des Ursulines, l’une des salles pionnières du futur réseau d’Art et Essai. Souvenir bien légitime, mais qui occulte la véritable carrière et la dimension du personnage. Comédien célèbre, Armand Tallier (1887-1958) fut même à quelques grandes aventures théâtrales : le tour de l’Europe avec les tournées Le Bargy et De Feraudy, les succès de la troupe de l’Athénée, l’expérience de Jacques Copeau au Vieux Colombier.
Il débute au cinéma en 1911, dans un film d’Henri Pouctal d’après Musset : La Camargo. Il tournera plus de cent films, ce dont il ne se vantait guère, n’en reconnaissant que très peu dont il n’ait pas à rougir : Mater Dolorosa d’Abel Gance, L’Heure du rêve de Léonce Perret, Les Travailleurs de la mer d’André Antoine, Âmes D’Orient de Léon Poirier. Une sélection bien sévère qui oublie, entre autres, deux films qui ont fait de lui le plus populaire des jeunes premiers romantiques : Mathias Sandorf d’Henri Fescourt et Jocelyn de Léon Poirier.
Cultivé, d’un humour tendre et féroce, Tallier sera marqué par le dadaïsme et le surréalisme. Il constitue, pendant la dizaine d’années qu’il passe dans les studios français, un observateur d’une extrême pertinence.
A la fin de sa vie, il entreprit de transmettre ses souvenirs « d’acteur d’écran » sous la forme d’une sorte de conte radiophonique malheureusement resté inachevé dont il enregistra lui-même le texte au magnétophone. Nous avons sélectionné des extraits de ce conte qui constituent, avec une marge de fantaisie, un vivant reportage sur le travail, aux Studios Gaumont des Buttes Chaumont, vers 1912.
Les notes de Christophe Gauthier précisent le contexte historique et proposent des ponts entre la fiction du récit et la réalité historique. Chacun peut tenter de pousser plus loin ce décryptage.
Un peu avant la guerre de 1939/1945, Armand Tallier s’était associé avec Madame Line Peillon. Celle-ci poursuivit, seule, la gestion du Studio des Ursulines, après la mort de son fondateur. Nous remercions son fils Gilles Peillon qui nous a confié ce document et autorisé à en reproduire des extraits.
Pierre BILLARD