Roger ICART
Institut Jean Vigo ⎜286 pages (21×14) ⎜14 pages d’illustrations ⎜2e trimestre 1989 ⎜21,35 €
Cette évolution fut avant tout technique : le film parlant ne s’est imposé que du jour où les procédés d’enregistrement et de diffusion furent suffisamment au point pour provoquer une véritable vague d’enthousiasme. Il fallait aussi que ceux-ci soient matériellement aptes à supporter les efforts prolongés de nombreuses représentations ; enfin que leur utilisation ne se heurte pas à de trop grandes difficultés de maniement et de mise au point pour les opérateurs.
Elle fut ensuite économique. Les inventions décisives datent toutes des années 1922-+24. Le film parlant aurait pu se développer dès cette époque-là. Mais les grandes compagnies n’éprouvaient pas le besoin de bouleverser une industrie florissante en vue de résultats trop hasardeux. Ce ne fut que poussée par des nécessités vitales, par l’appât du gain, qu’elles se lancèrent résolument dans les transformations indispensables.
Par la suite seulement, elle fut esthétique. Quoi qu’on en dise, le cinéma est et demeure une industrie soumise aux dure lois commerciales de l’offre et de la demande. Dans cette gigantesque bataille, la parole – si l’on peut dire – fut d’abord aux savants, puis surtout aux financiers qui dirigeaient l’industrie cinématographique. Bon gré, mal gré, les cinéastes durent adapter leur art. Ceux qui ne le purent, furent impitoyablement éliminés.