Si tout le monde sait à peu près ce que recouvre la notion de cinéma national, on peut se demander quelle réalité recouvre celle de cinéma régional. C’est à cette question que ce numéro des CAHIERS DE LA CINÉMATHÈQUE, élaboré à partir du Colloque “Cinéma national cinéma régional”, qui s’est tenu à Perpignan en Janvier 2006, tente d’apporter des réponses.
François de la Bretèque, Directeur du Colloque, donne dans son introduction des éléments de réflexion: “La construction européenne s’est accélérée, elle a traversé une crise de confiance à laquelle la réflexion sur le cinéma ne peut pas rester étrangère. La mondialisation, la globalisation qui l’accompagne, la standardisation des expressions culturelles conduisent assez naturellement à se retourner vers les identités locales et régionales par un mouvement qui n’est pas seulement nostalgique mais qui peut faire figure d’antidote”.
Place est d’abord faite au bilan des études locales sur le cinéma en France. Jean A. Gili dresse une historiographie régionale ; Jean-Jacques Meusy quant à lui porte son interrogation sur l’utilité des histoires locales du cinéma. L’imposante bibliographie qu’il propose sur le sujet sera, n’en doutons pas un outil de travail pour les historiens ; et autour de deux numéros de la revue CinémAction , Monique Martineau rappelle le mouvement militant dès années 70, moteur d’un vrai cinéma de région.
Dans un deuxième temps, plusieurs exemples à travers la France permettent de présenter le travail des cinémathèques régionales qui se sont lentement constituées à partir des années 80 et de souligner l’importance de leur mission : rechercher, sauvegarder et valoriser le patrimoine cinématographique existant en région. Se sont ainsi constituées des archives régionales dont les apports spécifiques et originaux participent efficacement à la constitution de l’Histoire du cinéma. Ainsi Odile Gozillon-Fronsacq a conduit sa recherche en Alsace, Claudette Peyrusse fait un état des lieux de la région toulousaine et Jean-Pierre Mattéi rend compte des origines et du rôle des cinémathèques en prenant l’exemple particulier de la cinémathèque corse au nom si poétique de Casa di Lume. Les jeunes chercheurs, Isabelle Debien et Thierry Lecointe développeront leurs attentes par rapport aux cinémathèques régionales, attentes auxquelles Pascal Genot proposera une hypothèse de travail: “un lieu pour penser le patrimoine”.
La troisième partie quant à elle se penche sur la production en région. Jean Fléchet rappelle la production des années 70 en Langudoc-Roussillon autour des archives de Tecimeoc, alors que Daniel Armogathe et Alphonse Cugier nous parlent respectivement de Marseille et de la région Nord.
Jean-Pierre Rioux à qui est laissé le soin de conclure, pose la question centrale au fond, les véritables œuvres ont-t-elles “une petite patrie” ? « Car toute œuvre non seulement résiste au temps mais aussi à l’espace. Ou, à tout le moins, elle lui donne une vocation universelle qui reconfigure le cadrage régional, tout singulier qu’il soit ».
Cinéma régional – Cinéma national
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