C’est a partir de deux de nos manifestations inscrites au programme de Djazaïr 2003, année de l’Algérie en France, qu’a été élaboré ce numéro 76 des CAHIERS DE LA CINÉMATHÈQUE consacré à l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui au cinéma.
Le 21e COLLOQUE, s’interrogeait sur Les représentations de la terre algérienne (en collaboration avec le Ministère des affaires Étrangères et la Cinémathèque d’Alger) alors que la RENCONTRE AVEC… présentait avec neuf films, une courte rétrospective du Cinéma algérien. Deux manifestations dont les programmes sont présentés en ouverture et dont Jean-Pierre Rioux dit qu’elles ont permis une fois encore «de frotter l’image au réel et la création au matériau brut»… «et de montrer combien le cinéma pouvait sans relâche provoquer l’historien».
Dans une première partie, Le cinéma colonial, José Baldizzone en s’intéressant aux représentations de la terre algérienne dans le cinéma français montre que celui-ci ne leur a accordé qu’une place restreinte. Si ces films sont majoritairement porteurs du discours dominant, on peut ça et là trouver quelques éléments qui pointent les failles du système colonial. Toutefois, comme le démontre François de la Bretèque, ces films qui ont pris pour thème l’Algérie rurale n’ont pas réussi à constituer un genre. Jeannine Verdès-Leroux prend le contre-pied de la représentation cinématographique du colon, embellie et transfigurée, pour nous parler de la réalité des «petits colons», ceux qui ont rejoint l’Algérie simplement pour survivre. François Chevaldonné évoque la distribution de ce cinéma dans les salles et dans les campagnes algériennes grâce aux cinébus et analyse la réception et l’impact dans les populations. Jacques Cantier étudie la vision de la terre algérienne proposée dans Le Bled de Jean Renoir, qui commémorait dans une grande mise en scène coloniale le centenaire de la Conquête et propose quelques pistes sur la réception de ce message.
C’est avec un voyage à travers la brève histoire du cinéma algérien que Jacques Choukroun ouvre la deuxième partie Le Cinéma depuis l’Indépendance. Il évoque les structures de production, de distribution et d’exploitation, mais aussi et surtout les hommes, des cinéastes engagés qui ont construit un cinéma de l’énergie, un cinéma identitaire où Omar Gatlato film-phare des années 70 annonçait, comme le conclut François de la Bretèque, une situation où «ni la société algérienne, ni le cinéma n’étaient figés, une vague mais profonde aspiration les poussait l’une et l’autre en avant». Mais l’histoire en a décidé autrement et les deux entretiens de Jacques Choukroun avec Jean-Pierre Lledo et Abdelkrim Bahloul, réalisateurs de deux des derniers films algériens, tout en retraçant leur parcours, largement tributaire de l’histoire politique et sociale du pays, évoquent les difficultés du cinéma algérien des années 60 à nos jours. Pour terminer ce chapitre, du cinéma de l’immigration à celui de la réconciliation Luce Vivier dresse un panorama de “l’Algérie par ses émigres.
En conclusion, Boudjemaa Karêche, toujours enthousiaste et optimiste, espère dans un possible renouveau du cinéma algérien et en bon responsable de la Cinémathèque algérienne, il réaffirme sa profession de foi : protéger et diffuser les films issus des organismes nationaux mais aussi ceux réalisés par les cinéastes algériens à l’étranger et dont il revendique la nationalité.
Algérie d’hier et d’aujourd’hui
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