Festival Confrontation 59 – du 13 au 18 juin 2024 – Arsenal, Perpignan
Les invités du Festival Confrontation
Robert Guédiguian
On connaît Robert Guédiguian, cinéaste engagé auprès de ceux que Victor Hugo appelait « les petites gens », les marxistes les « prolétaires », les libéraux des « gens de rien ». Il construit, il a une formation d’historien, une histoire de notre temps en inscrivant son cinéma dans l’épopée ouvrière qu’illustrèrent ailleurs Ken Loach, Elio Petri, Ettore Scola, Aki Kaurismäki, Marc Recha ou Youssef Chahine, choix très arbitraire. On connaît Robert Guédiguian chef de bande, avec un scénariste alter ego, Jean Louis Millesi, et une troupe de comédiennes et comédiens, genre Illustre Théâtre, Ariane Ascaride, Pascale Roberts, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet. On connaît Robert Guédiguian cinéaste marseillais, formant avec Marcel Pagnol et René Allio une trilogie différenciée, convaincu que l’enracinement dans un lieu ne nuit en rien à l’universalité du propos.
On connaît moins Robert Guédiguian cinéaste de l’eau qui, statique ou en mouvements, participe ontologiquement de son cinéma, entre les ponts tournants repaires et repères, les plages, la mer et sa ligne d’horizon ouverte sur l’ailleurs. L’eau se présente, dans ses films, sous plusieurs espèces. D’abord celle des métiers : ouvriers des constructions navales, dockers, marins, pêcheurs, poissonnières, les « petites gens », quoique parfois médecins, artistes ou ingénieurs, sont dans son œuvre souvent gens de l’eau.
Ensuite l’eau est le chemin liquide qu’empruntent femmes et hommes, venus d’autres rivages. Marseille est née lorsqu’en 600 avant J.C des marins, venus de Phocée, cité grecque d’Asie Mineure, établissent un comptoir aux rives d’une Gaule naissante.
Marseille est depuis une cité accueillante aux déracinés de l’univers. Ils arrivent de tous les points de l’horizon dans l’œuvre de Robert Guédiguian, Calabrais de Rouge Midi, Arméniens du Voyage en Arménie, Africains subsahariens et Maghrébins, d’À la place du cœur, d’À la vie à la mort, de Marius et Jeannette, de L’argent fait le bonheur, Syriens de La Villa… Et au bout de la saga, en bord de mer, à l’Estaque, dans la famille élargie aux amis, le bonheur dans le sourire des enfants, promesse d’avenir par-delà les tempêtes du monde.
Michel Cadé, Président de l’Institut Jean Vigo de 2007 à 2021
• Vendredi 14 juin à 16h30 : Projection de La Villa, rencontre avec Robert Guédiguian
• Vendredi à 22h Marius et Jeannette en plein air présenté par Robert Guédiguian
• Samedi 15 juin à 11h : Marius présenté par le réalisateur
Denis Lavant
Accueillir Denis Lavant, c’est avoir la chance de recevoir un comédien aux multiples facettes et aux choix professionnels toujours exigeants. Acteur au cinéma mais également à la longue carrière théâtrale, il se forme aussi aux arts du cirque.
C’est le réalisateur Leos Carax qui va le révéler au cinéma en utilisant autant ses talents d’acteur que d’acrobate : Boy Meets Girl, Mauvais Sang, Les Amants du Pont-Neuf, Holy Motors et le court métrage Monsieur Merde. Son talent aussi bien dans la sobriété (Beau Travail de Claire Denis ou Capitaine Achab de Philippe Ramos) que
dans la démesure (Louis Ferdinand Céline d’Emmanuel Bourdieu, les films des frères Larrieu 21 nuits avec Pattie, Tralala) lui permet de travailler également avec des auteurs comme Arnaud des Pallières, Jean-Pierre Mocky, Tsai Ming Lang ou encore Harmony Korine.
Il est venu à la rencontre de l’Institut Jean Vigo et de son public cette saison, il fallait le réinviter pour qu’il nous parle de la construction de son rôle d’exception dans Capitaine Achab.
Son physique, sa voix, cette façon de s’investir totalement dans un rôle, tout cet excès qu’il promène quelque part autour de lui, cette fureur, comment ne pas travailler avec lui pour Achab ? ” Fallait pouvoir tenir la réputation de ce personnage immense issu de l’œuvre tout aussi immense qu’est Moby Dick. ” dira de lui le réalisateur Philippe Ramos. Pour nous aussi, Denis Lavant c’est une évidence.
• Lundi 17 juin à 14h : Capitaine Achab suivi d’une rencontre avec le comédien
Antonin Peretjatko
Antonin Peretjatko tourne de nombreux de courts métrages avant de faire le tour du monde avec une caméra 16mm pour réaliser le moyen métrage L’Opération de la dernière chance (2006). Son premier long métrage, La Fille du 14 juillet, est présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2013. Perfusé d’histoire du cinéma, du muet à la Nouvelle Vague, lorgnant vers le burlesque, prenant le meilleur de Jacques Rozier et de Jean-Luc Godard, Peretjatko séduit par des films détonants et loufoques proposant, entre deux rires, une critique par l’absurde des violences de classes de notre société.
Avec La Loi de la jungle et Les Algues maléfiques, il s’interroge sur le projet fou d’une station de ski en Guyane et le traitement des algues vertes en Bretagne.
• Samedi 15 juin à 19h Antonin Peretjatko présentera La Loi de la jungle et Les Algues maléfiques dans la Salle Marcel Oms.
François Sarano
Océanographe, plongeur, fondateur de l’association Longitude 181, ancien directeur de recherche du programme Deep Ocean Odyssey, chef d’expédition et conseiller scientifique du Commandant Cousteau, François Sarano a participé à une vingtaine d’expéditions à bord de la Calypso.
Il est l’auteur de nombreux livres sur les océans, notamment Le Retour de Moby Dick (Actes Sud, 2017) et Au nom des requins (Actes Sud, 2022).
En 2004, les réalisateurs Jacques Perrin et Jacques Cluzaud font appel à François Sarano pour leur projet de film documentaire Océans, consacré à la beauté de l’océan et de ses créatures marines. Leur intention est également de montrer les ravages commis par l’homme, et d’encourager chacun à agir pour sa préservation. François Sarano y intervient en tant que plongeur, conseiller scientifique et co-auteur.
François Sarano est un expert de la préservation des fonds marins. Il nous fera l’honneur de présenter Océans en plein air, nous racontera son expérience sur ce tournage mythique, tout en rappelant la nécessité d’alerter sur la pollution des
océans.
• Lundi 17 juin à 18h : Rencontre avec François Sarano et à 22h : Océans dans L’Église des Grands Carmes
Cyril Tricot
Cyril Tricot est réalisateur, chef opérateur, producteur, spécialisé dans les prises de vues sous-marines. Issu d’une famille de plongeurs, il effectue sa première incursion sous-marine à l’âge de 5 ans, ce sera une révélation. Passionné par les fonds marins, il a sillonné toutes les mers du monde en tournant des documentaires pour Ushuaïa, Arte ou encore Thalassa travers ses images, il nous fait rêver et découvrir des univers marins inaccessibles. Mais il témoigne aussi des ravages de l’homme sur les fonds marins et nous alerte sur la nécessaire préservation des océans qui se détériorent au fil du temps.
Grand voyageur, iIl revient toujours à sa terre natale catalane où fut réalisée la première image de l’histoire de la photographie sous-marine par Louis Boutan en 1893 à Banyuls-sur-mer. Pendant le festival, iI nous contera cette
incroyable histoire de la prise de vue sous-marine et son expérience hors du commun.
• Samedi 15 juin à 14h dans la Salle Éphémère, Cyril Tricot présentera Le 7e ciel des requins gris.
Dimitri Doré
Comédien de théâtre et de cinéma, nous avons eu le plaisir de recevoir Dimitri Doré en février dernier. Personnalité solaire, érudit, il a marqué les esprits par une passion et une curiosité contagieuses. Au théâtre, Dimitri Doré a travaillé notamment avec Jonathan Capdevielle (Caligula). Au cinéma, il tient le rôle-titre du très marquant Bruno Reidal, pour lequel il est nommé meilleur espoir aux César.
Vendredi 14 juin à 14h au Cinéma Castillet, il présentera La Petite Vadrouille de Bruno Podalydès, qu’il tourne actuellement.
Florence Miailhe
Florence Miailhe a développé un style très singulier et personnel tout au long de sa filmographie composée d’une demi-douzaine de courts métrages et d’un long métrage. Elle réalise ses films à base de peinture, de pastel ou de sable, directement sous la caméra en procédant par recouvrement, et donne ainsi vie à toutes ces matières. Dans son dernier film Papillon, c’est la nage qui fait réapparaître de nombreux souvenirs, certains heureux, d’autres traumatiques.
Dimanche 16 juin à 14h, Salle Marcel Oms : elle présentera Papillon et parlera de son travail.
Julie Conte
Julie Conte a été première assistante opératrice aux côtés de Benoît Delépine et Gustave Kervern, Michael Hers et Laurent Cantet puis directrice de la photographie aux côtés de Nine Antico. Après un premier film documentaire Un chat sur l’épaule, elle présente Bains-
douches, 41 rue Oberkampf, Paris 11e dans plusieurs festivals internationaux.
Son dernier projet Veiller sur, co-produit par Chantal Marchon –Videka production – et Samuel Moutel – Keren production a été filmé au Centre éducatif renforcé de Port-Vendres.
Dimanche 16 juin à 14h, Salle Marcel Oms : elle présentera Bains-douches, 41 rue Oberkampf, Paris 11e
Vincent Marie
Titulaire d’un doctorat liant histoire et bande dessinée, commissaire d’expositions, directeur de publication, Vincent Marie enseigne le cinéma et la sémiologie de l’image. Avec Bulles d’exil, son premier documentaire, il analyse les liens entre immigration et bande dessinée.
Il poursuit cette réflexion sur le passé visuel de l’histoire en réalisant un documentaire sur la Retirada Bartoli, le dessin pour mémoire. En 2021, il coréalise avec son frère Les Harmonies invisibles (2021) autour duquel il travaille à l’illustration d’un conte inuit, des reportages sous forme de carnets de voyage ou de livres d’images.
Mardi 18 juin à 14h, Salle Marcel Oms, il présentera Les harmonies invisibles.
Marie Lusson
& Émilien de Bortoli
Marie Lusson est cinéaste et docteure en anthropologie et sociologie des sciences à l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (Montpellier). Ses recherches portent sur les projets de restauration de rivières comme champ d’expérimentation de politiques de la nature.
Émilien De Bortoli est musicien compositeur (Orchestre National du Cholao, ïO, Benguela) et réalisateur. Sa création interroge le vivant et la matière dont il observe les formes infinies.
Jeudi 13 juin à 20h, Salle Marcel Oms, ils présenteront Méandres ou la rivière inventée.
Arnaud Brugier
Inscrit dans le paysage associatif et audiovisuel des Pyrénées Orientales, Arnaud Brugier réalise son premier film en 2007 : Ça sent le roussi, abordait le thème toujours brûlant des incendies en zone méditerranéenne. Il signe ensuite Les petits gars de la campagne, traitant de la Politique Agricole Commune dans toute sa complexité.
En 2023, il réalise Parfois il pleut, documentaire de référence sur L’Aiguat de 1940. Retracer cette histoire et interroger les conditions climatiques actuelles des Pyrénées Orientales, c’est ce que nous ferons avec Arnaud Brugier.