École et cinéma propose aux élèves, de la grande section de maternelle (parfois à partir de la moyenne section) au cours moyen (CM2), de découvrir des œuvres cinématographiques lors de projections organisées spécialement à leur intention dans les salles de cinéma.
Ils commencent ainsi, grâce au travail pédagogique d’accompagnement conduit par les enseignants et les partenaires culturels, une initiation au cinéma.
Dans les Pyrénées-Orientales, l’action est coordonnée par l’Institut Jean-Vigo. Il intervient directement pour les écoles de Perpignan, les associations Cinémaginaire et Ciné-Rencontres de Prades ont en charge le reste du département.
Cycle 2
PROGRAMME DE COURTS-METRAGES : MAMAN PLEUT DES CORDES – 48mn
Le monde de Dalia de Javier Navarro Aviles – France – 2020 – 3mn – Animation 2D
Dalia découvre avec émerveillement la serre tropicale mais perd rapidement son père de vue. Un monde fantastique se déploie alors devant elle.
Tout sur maman de Dina Velikovskaya – Russie – 2015 – 7mn – Dessin 2D L’histoire d’une mère qui a déjà tant donné à ses enfants qu’il semble ne lui rester plus rien. Mais la vie lui offre soudain de nouvelles opportunités.
Le Réveillon des Babouchkas de Natalia Mirzoyan – Russie – 2019 – 8mn – Animation 2D Maschunya reste à contre-cœur chez sa grand-mère pour fêter le réveillon. La soirée prend vite une autre tournure quand arrivent les invités.
Maman pleut des cordes de Hugo de Faucompret – France- 2021 – 29 mn
Jeanne, 8 ans, est une petite fille au caractère bien trempé. Elle vit seule avec sa mère, qui traverse une dépression. Celle-ci décide de se faire aider et doit envoyer sa fille passer les vacances de Noël chez sa Mémé Oignon. Mais Jeanne n’a pas compris ce qui arrive à sa mère, et elle part en traînant les pieds : à la campagne, il n’y a rien à faire, et la maison de Mémé pue l’oignon ! Pourtant, contre toute attente, les vacances s’avèrent être une véritable aventure. Jeanne fait la rencontre d’amis inattendus : Léon et Sonia, deux enfants du coin, et surtout Cloclo, l’immense et mystérieux vagabond qui vit dans la forêt. Cloclo ne sent pas très bon mais son talent pour les blagues et la musique n’a pas son pareil ! Grâce à Léon, Sonia, Cloclo et Mémé Oignon, Jeanne va apprendre que la vie peut être une fête. En apprenant à s’ouvrir à ses nouveaux amis, il se pourrait qu’elle inspire à sa mère la force pour sortir en fanfare de l’hôpital des gens tristes.
Maman pleut des cordes est un beau programme de films qui aborde avec délicatesse un sujet rarement abordé, celui de la dépression qui s’inscrit en fil rouge. Il témoigne d’un bel équilibre entre les films choisis et propose des esthétiques variées et originales. Le sujet est traité de manière personnel et abouti. Les trois courts métrages d’avant séance permettent une progression / préparation sensible jusqu’à Maman pleut des cordes. Ils créent un horizon d’attente intéressant et ils permettent un travail sur les échos entre films.
Plus d’informations : https://www.lesfilmsdupreau.com/prog.php?code=mpc
LE MECANO DE LA GENERAL de Buster Keaton – 1926 – USA – 1h15
Poussé par un double amour fou envers sa martiale locomotive à vapeur (la « General ») et sa fiancée inaccessible comme une héroïne sudiste de poème romantique (Annabelle Lee), le pacifique et falot Johnnie Gray (« Jean Gris ») dont le métier est de relier par chemin de fer le Sud au Nord et inversement, se trouve sommé par le destin de s’engager dans la guerre de Sécession. Lorsqu’il veut s’enrôler avec les Sudistes pour plaire à sa belle, on le refuse à cause de son métier trop utile : elle le croit lâche et ne l’aimera, déclare-t-elle, qu’« en uniforme ». Un an plus tard (nous sommes en 1862), des espions nordistes s’emparent de son train en même temps que d’Annabelle qui se trouvait là, dans le but de remonter vers le front et vers leur camp, au Nord, en sabotant la voie derrière eux. À leur poursuite dans une autre locomotive, Johnnie se retrouve en territoire ennemi, espionne l’état-major, délivre Annabelle, s’habille en Nordiste et refait avec elle le chemin vers le Sud à bord de la « General », poursuivi cette fois-ci par deux trains ennemis. Après avoir enfin endossé un uniforme du Sud, il prévient les siens, contribue à la déroute de l’Union lors de la bataille de Rock River Bridge, capture un général nordiste et triomphe au finale sur le plan militaire autant qu’amoureux.
Le Mécano de la Générale, classique indémodable plusieurs fois réédité et huitième long métrage de Buster Keaton, est probablement la plus éclatante réussite de son auteur. Ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les moyens importants mis à sa disposition par le producteur Joseph M. Schenck ont permis à Keaton d’utiliser de nombreux figurants et surtout de véritables locomotives, ce qui participe de son effet spectaculaire.
Par ailleurs, le film mêle avec un savoir-faire impeccable le comique burlesque et le film d’aventures, au sein d’un récit organisé en trois temps: poursuite aller, poursuite retour et bataille finale. Les gags font appel aux ressources acrobatiques de Keaton, véritablement impressionnantes, et la mise en scène exploite toutes les possibilités du décor ferroviaire (ponts, aiguillages, décrochage de wagons, etc) afin de créer de l’humour et du suspense dans un même mouvement.
Comme à son habitude, Keaton interprète un personnage loyal et courageux, qui ne recule devant aucun danger, aucun obstacle, pour sauver à la fois sa locomotive et sa fiancée. Ce courage et cette ingéniosité seront finalement récompensés par l’armée, mais le propos du film est justement de montrer l’absurdité de la guerre (les soldats tués qui tombent comme des pantins), dans laquelle Johnnie Gray trouve sa place non par patriotisme ou sentiment belliqueux, mais par fidélité à son amour et à son métier. Récit haletant, réalisation fluide et dynamique, inventivité visuelle constante: Le Mécano de la Générale n’a pas pris une ride et se regarde, près d’un siècle après sa création, avec toujours autant de plaisir.
Plus d’informations : https://www.maisondelamusique.eu/documents/2-mecano-de-la-generale.pdf
ARBRES de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil – 2002 – France/Belgique – 47 mn
Arbres raconte l’histoire du règne végétal depuis ses origines mythologiques. Mêlant conte initiatique et discours botanique, sources littéraires et inspirations philosophiques, il livre les aventures d’arbres aux capacités exceptionnelles. Les réalisateurs sont partis aux quatre coins du monde pour filmer des arbres qui se déplacent, qui choisissent une victime et qui l’étranglent, qui font preuve de timidité ou de folie. Avec ce film, ils éveillent l’attention du spectateur et la déplacent : de l’animal qui court sur la branche à l’arbre qui l’accueil.
Le film Arbres s’ouvre avec le récit d’un mythe. Le prologue du film est constitué par des plans fixes de somptueux baobabs. La voix off relate une légende, le mythe kényan de la création de l’arbre : suite aux plaintes du baobab, insatisfait de son apparence, Dieu l’aurait replanté à l’envers afin qu’il ne puisse plus se regarder. Le choix est fort d’ouvrir le film par un mythe, autrement dit par la fable et, par extension, par le récit fictionnel. Dès le prologue, Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil invitent le spectateur à se laisser emporter par le plaisir de la narration.
Plus d’info : https://www.lecinematographe.com/Arbres_a8751.html
Cycle 3
PROGRAMME DE COURTS-METRAGES : PORTRAITS – 1h37
« Beppie » de Johan van der Keuken, Pays-Bas, 1965 – 37 minutes
Le réalisateur a suivi pendant 1 mois sa voisine, une gamine d’Amsterdam, drôle et pleine d’esprit. Dans le film, elle raconte ses aventures, parle de sa vie. La proximité qui la lie au réalisateur laisse une liberté de paroles et permet à Beppie de se confier aussi autour de questions qui la préoccupent comme la mort, la télévision, l’argent, l’amour. Johan van der Keuken dit d’elle « Elle avait dix ans et elle était le rayon de soleil du canal où j’habitais. Une vraie gamine d’Amsterdam, à la fois gentille et maligne comme un singe. » Le réalisateur suit Beppie dans sa vie ; à l’école, dans les moments de fête, dans ses jeux et dans ses déambulations dans la ville. Il propose un film en mouvement dans lequel il présente aussi sa ville (le film s’ouvre avec des images d’Amsterdam, le film se termine sur des images d’Amsterdam). L’intensité du portrait est donnée par des gros plans sur Beppie qui permettent d’entrer dans ses pensées, par une valse d’images qui permet d’accéder à ses jeux et ses activités et aux fêtes et divertissements, par de courtes interviews de ses parents qui plantent le décor social et culturel. Le film offre ainsi aussi un regard sur une époque. Tourné en noir et blanc, il date des années 60. A travers le portrait de Beppie, le spectateur découvre une autre enfance, une famille nombreuse dans un milieu peu aisé, les contributions imposées à la vie familiale, la place de l’école et ses obligations, des bêtises, des jeux et des jalousies d’enfant. A noter une bande-son qui propose une diversité de genre de musique en harmonie avec les images. Le film est diffusé en version originale sous-titrée.
« Espace » d’Éléonor Gilbert, France, 2014 – 14 minutes
« Le film est coupé en deux : d’abord un plan-séquence de 7 minutes, puis une deuxième partie, plus découpée. Je voulais d’abord faire un seul plan-séquence pour m’inscrire dans la temporalité de la parole de l’enfant et la laisser trouver son propre rythme pour s’exprimer. Je considère ce plan séquence comme une sorte de performance de la part de cette petite fille qui expose et argumente sans s’interrompre, faisant émerger peu à peu une problématique à partir d’une page blanche. Ensuite il m’a semblé nécessaire de fouiller un peu plus la situation exposée ; j’ai alors relancé la parole en poussant légèrement la petite fille dans ses retranchements. Je souhaitais aussi retrouver certains détails qui m’avaient été racontés hors caméra. Au tout début du film, très rapidement, le dispositif est révélé (la petite fille retourne l’écran de la caméra en disant « si je me vois, je veux bien ») cela me semble important pour que sa place devant la caméra soit bien claire, assumée et consciente. » Éléonor Gilbert, réalisatrice du film.
« La Sole entre l’eau et le sable » d’Angèle Chiodo, France, 2012 – 15 minutes
L’intonation de la voix off et le commentaire au vocabulaire scientifique donnent le ton d’un film documentaire sur la sole et sur son asymétrie. Les images qui accompagnent ce commentaire sont en décalage total ; Angèle Chiodo fait le choix de la fantaisie et illustre le propos scientifique avec des objets aux formes analogiques de la sole , objets qu’elle anime dans le film. Elle crée ainsi une parodie de documentaire animalier. Les objets choisis (napperons / plats / tapis) sont pris dans l’appartement de sa grand-mère avec qui Angèle Chiodo vit. Toutes les scènes du film sont tournées dans cet appartement qui devient le décor burlesque d’un documentaire animalier. La grand-mère est mise à contribution; sa « docilité » est remarquable et témoigne d’une grande complicité entre elle et sa petite fille. Les commentaires de la grand-mère lors de ses interventions filmées traduisent son incompréhension certaine de la situation et des intentions artistiques et scientifiques de sa petite fille. Angèle Chiodo a fait le choix de ne pas les supprimer au montage, ils rajoutent un nouveau décalage à une situation déjà décalée, du comique à une situation déjà comique. Le propos du film est « La sole est asymétrique. Une équipe de chercheurs a récemment tenté d’expliquer cette énigme de l’Évolution… » Le film est construit en aller-retours entre des scènes filmées et d’autres animées. Le tout illustre de manière très claire les informations données en voix off. Le traitement par l’image et l’univers quelque peu décalés que propose Angèle Chiodo n’enlèvent aucun crédit au propos scientifique. D’autres éclaircissements sont donnés par Angèle Chiodo.
Trois portraits, trois rencontres – Le portrait, c’est un art du regard et de l’observation.
“Du film à la vie et de la vie au film : personne et personnage. Comme nous l’avons déjà dit, ces trois films expriment un lien qui court du cinéaste à la personne et de la personne au cinéaste. Contrairement à la fiction qui déplace une équipe de tournage, des acteurs et une régie dans un décor ou dans un studio et qui va chercher à recréer artificiellement la vie (c’est là toute la beauté de la fiction), en documentaire, la vie est là, première, toute crue et entière. Il n’y a pas de rôle. Il n’y a pas de texte à réciter. Il y a des personnes. Bien sûr, ces personnes deviennent des personnages une fois filmées car le cinéaste, en choisissant ce qu’il montre, sculpte la réalité comme une matière vivante et offre sa vision du réel. Les personnes dans la vie deviennent des personnages dans le film. Ce rapport entre personne et personnage constitue une tension d’un grand intérêt pour comprendre ces films.”
Cahier de notes sur le programme Portraits (PDF de 958.9 ko)
Ecrit par Nicolas Giuliani (2018), responsable des éditions DVD de Potemkine Films où il a créé en 2013 « la collection documentaire »
Plus d’info : https://ww2.ac-poitiers.fr/dsden16-pedagogie/spip.php?article1435
JACQUOT DE NANTES D’AGNES VARDA – France – 1991 – 1h58
« Il était une fois un petit garçon élevé à Nantes dans un garage où tout le monde aimait chanter. C’était en 1939. Il avait huit ans, il aimait les marionnettes et les opérettes. Puis il a voulu faire du cinéma, mais son père lui a fait étudier la mécanique. » Agnès Varda, la réalisatrice, fait la chronique des jeunes années du cinéaste Jacques Demy et de son petit frère. La maman est coiffeuse, le papa, garagiste. Reine la petite voisine sait faire le grand écart. Jacquot n’a qu’une idée : le cinéma. En voir et en faire. Agnès Varda nous conte ainsi le temps qui passe jusqu’à l’adolescence : la guerre, l’arrivée fracassante de la « tante de Rio », le séjour chez le sabotier, la descente aux abris, les jeux, les premières amours, la première pellicule trouvée dans une décharge. Puis la première caméra, et le premier film. L’histoire d’une vocation : être un cinéaste. Tels les cailloux du petit Poucet, les extraits des films que Jacques Demy a tournés par la suite, jalonnent les souvenirs du Jacquot qu’il a été, au temps de Nantes, le temps de l’enfance.
Dans ce film il y a plusieurs films : le premier est la reconstitution en noir et blanc de l’enfance. Ce premier film incorpore des citations des films de Jacques Demy. Puis un troisième film intervient : Jacques Demy apparaît comme témoin dans un film documentaire.
Le film traite de la question « comment devient-on cinéaste ». Agnès Varda fait le film par lequel Jacques Demy développe sa vocation pour le cinéma, en expose les origines, les obstacles. Bien qu’il soit marqué par le deuil, ce film est un hommage à la vie et à la créativité de Jacques Demy.
ROUGE COMME LE CIEL de Christiano Bortone – Italie – 1991 – 1h58
Inspiré de la vie de Mirco Mencacci, un des ingénieurs du son les plus talentueux d’Italie, ce film retrace le combat obstiné d’un jeune garçon aveugle pour atteindre ses rêves et gagner sa liberté…
Mirco perd la vue à l’âge de dix ans et doit poursuivre sa scolarité dans un institut spécialisé. Loin de son père, il ne peut plus partager avec lui sa passion du cinéma. Il trouve pourtant le moyen de donner vie aux histoires qu’il s’invente : il enregistre des sons sur un magnétophone puis coupe les bandes, les colle et les réécoute. L’école très stricte n’approuve pas du tout ses expériences et fait tout pour l’en écarter. Mais Mirco, loin de se résigner, poursuit sa passion…
Rouge comme le ciel se place à hauteur d’enfant et pose un regard tendre sur les épreuves et les joies d’un jeune garçon devenu aveugle et ses camarades. Il offre un point de vue singulier sur le handicap, et prône le droit de ses enfants à continuer de rêver et d’inventer leurs vies malgré la contrainte de la cécité. Le film met l’accent sur une nouvelle façon d’appréhender le monde: les sens. C’est notamment par la création sonore que le jeune Mirco parviendra à s’approprier sa nouvelle réalité, entraînant ses camarades avec lui, dans une joyeuse épopée créative. En mettant en abyme le processus créatif et l’activité cinématographique, le film revalorise la place du son vis à vis de l’image et sa puissance évocatrice.
Plus d’infos : https://www.lesfilmsdupreau.com/pdfs/guides/rge_0.pdf