Avec en filigrane le thème majeur de l’aliénation de l’homme, on retrouve dans ce film les traits de bonhomie familière et l’implacable allégresse féroce des œuvres précédentes de Berlanga (Bienvenue Mr Marshall, Placido) et un goût du détail macabre qui par l’art du réalisateur devient même comique.

Le braqueur de banque John Thunderbolt se lie d’amitié avec “Pied de Biche” (Lightfoot en version originale), un jeune aventurier, qui lui sauve la vie involontairement. Ensemble, ils décident de récupérer un magot d’un demi million de dollars qu’un complice de Thunderbolt avait planqué dans une vieille école.

La Dernière frontière met en scène la traversée des Pyrénées du philosophe allemand d’origine juive Walter Benjamin (Ber- lin, 1892-Portbou, 1940) depuis Banyuls-sur-mer jusqu’à Portbou, où il se suicidera le 26 septembre après avoir appris qu’il serait refoulé.

Par la magie du cinéma, l’épure du commentaire, le talent d’un sculpteur, qui fait naître sous l’œil de la caméra personnages, décors et accessoires de glaise, Rithy Panh parvient à évoquer, avec une émotion puissante ce qui demeure indicible : les souffrances vécues jour après jour, la douleur du survivant, l’amour pour ceux qu’on a perdus.